Pourquoi une police Cursive Dumont ? Diverses polices de caractère existaient jusqu’ici. Avait-on besoin d’en créer une autre ?
La réponse est clairement : oui. Il fallait à nos écoles une police où les enfants puissent voir ce que l’on attendait d’eux. Jusqu’alors, à quelques signes près peut-être, les lettres étaient toujours identiques à elles-mêmes dans les polices censées être cursives. Les enfants étaient donc incités à reproduire des formes figées et, hormis avec une préparation spécifique à l’écriture, il leur fallait toute l’école primaire pour produire une écriture fluide.
Dans la Cursive Dumont les enfants perçoivent le mouvement de l’écriture. Et cela change tout.
C’est que la Cursive Dumont est le fruit d’une réflexion et d’une observation attentives de l’écriture produite sur le papier et de l’acte d’écriture en cours de réalisation, acte que j’ai nommé le geste d’écriture , expression qui a fait florès depuis (mais n’est pas toujours bien comprise et ne peut être réduite à les gestes de l’écriture ni même le geste de l’écriture).
L’une des autres spécificités de la Cursive Dumont maternelle, intimement liée à la première, est sa simplicité. Ma recherche a montré que certaines caractéristiques relativement traditionnelles de l’écriture des lettres ne sont pourtant pas des formes, c’est à dire des éléments intrinsèques, des éléments sans lesquels la lettre n’existerait pas.
Il en est ainsi des traits d’attaque devant les lettres rondes, des œilletons et des traits couvrants. La Cursive Dumont exclut donc ces tracés parasites pour ne conserver que les sept formes qui constituent l’écriture, formes que ma recherche a permis de mettre à jour et de définir . On n’y trouvera donc pas d’œilletons sur les b, v, w, s, ni bien sur les o (lorsqu’ils en comportent un, leur finale s’effondre vite, portant alors à confusion avec a ) ni encore sur les r ( de trop gros œilletons leur donnent des allures de h mal formés). On n’y trouvera pas non plus de trait couvrant sur les r, ni de trait d’attaque devant les lettres rondes ( c, o, a, d, g, q)
Sa simplicité et l’absence de cassure à l’attaque des e et à la fin des lettres à pont (m, n, h, r) font de l’écriture Cursive Dumont maternelle un modèle idéal pour la classe.
La police de caractères Cursive Dumont était dans mes tiroirs depuis des années. Les années passant vite et étant très remplies, elle est restée dans mes tiroirs. Pendant ce temps une thèse de doctorat sur le sujet a étayé mes propositions. La police a mûri. Un concours de circonstances l’a fait éclore début 2015. Il y a plus de deux ans déjà. Les événements ont fait que sa version maternelle a été publiée pour la 1ère fois en tout début de cette année 2017. D’autres ont repoussé à juillet 2017 la présente mise en ligne.
A peine sortie, elle est déjà copiée (défauts en plus… ), signe de sa qualité.
Je souhaite à tous un très bel usage.
Tout comme l’adulte, l’enfant est attaché à ses habitudes. Difficile donc de le faire changer d’avis surtout pour une pratique qu’il considère comme émancipatrice : dès qu’on a un crayon en main on est (presque ?) « un grand ». C’est ainsi dans l’univers du jeune enfant, surtout si on l’a félicité pour « son beau dessin » ! La prudence voudrait donc qu’après ces chaleureuses félicitations on lui montre qu’il peut faire encore mieux si…
On peut alors, sans exprimer que sa pratique va être remise en cause, jouer à lui faire tenir des objets de diverses grosseurs, de diverses formes, de diverses matières pour en revenir au crayon et à la façon optimum de le tenir et le manier. De le manier… n’oublions pas cette étape. En effet, si la question de la tenue du crayon est récurrente, encore et toujours, son maniement est généralement le grand oublié, l’enfant reste tendu, ses doigts restent crispés…
N’oublions pas non plus que si nous ne voulons pas que l’enfant fasse quelque chose il ne faut pas lui apprendre à le faire . Par exemple pas de bec de canard si on ne veut pas de l’enfant place le majeur à côté de l’index sur le crayon. Plus tard s’il veut faire des jeux de doigts rien n’est interdit, mais pas avant que l’enfant maitrise parfaitement l’utilisation du crayon.
Pour les pratiques de classe ( et pourquoi pas aussi à la maison) voici comment on peut enchainer les chenilles pressées, le ping-pong des bouchons puis la prise en main du crayon pour une bonne prise, une bonne tenue et un bon maniement.
Voici donc, pour à la fois tonifier les doigts, les dérouiller, apprendre à placer la main dans l’axe de l’avant-bras donc à éviter les poignets en crosse mais aussi en pont ( ou les deux ) puis tenir et manier correctement le crayon , des exercices d’assouplissement et de tonification à faire successivement avant d’écrire (ou de dessiner).
Le premier ne nécessite pas de matériel. Pour le second il faut un bouchon de bouteille de lait par équipe de deux enfants. Ensuite il faut un crayon et une feuille de papier.
– Le premier, c’est ce que j’ai nommé « les chenilles pressées » : la main c’est la tête, les doigts ce sont les pattes (ces chenilles-là ont les pattes autour de la tête), le corps c’est l’avant-bras (il rampe au sol, donc il reste en contact avec la table). Assis à une table de hauteur adaptée, le dos normalement droit, les pieds au sol, l’enfant pose les avant-bras sur la table de façon à ce que le coude dépasse un peu. Il fait avancer les chenilles en pianotant rapidement du bout des doigts sur la table sans que le pouce soit entièrement en contact avec la table, seule l’extrémité l’est.
– Le second, c’est ce que j’ai nommé « le ping-pong des bouchons » : les enfants sont installés par deux face à face. La position du corps, du bras droit et de la main droite est la même que pour les chenilles pressées, l’avant-bras gauche est replié parallèlement au bord de la table pour le droitier, l’inverse pour la gaucher. D’une pichenette du majeur l’enfant envoie le bouchon à son adversaire qui doit le lui retourner de même. Après dix envois on change de doigt : c’est l’index qui envoie le bouchon.
Ensuite chaque enfant lève le doigt pour signaler que le jeu est fini. Il observe la position de ses doigts et fait glisser son pouce jusqu’à ce que l’extrémité du pouce touche la dernière articulation du majeur. L’enfant observe la position. L’adulte explique que c’est là que sera tenu le crayon et il le montre en prenant lui-même un crayon. Il pose un crayon à portée de main de chaque enfant et leur demande de faire un dernier échange avec le majeur puis d’écrire ou de dessiner ce qu’ils veulent en respectant la position des doigts, du bras et de la main qu’il vient d’apprendre ( ou de consolider).